Extrait

« Le grand drame de leur vie survient en août 1946. Le père est aux battages (…). La mère est alors enceinte de six mois (…). Il fait une chaleur torride et elle s’est allongée pour la sieste (…), tant la température est suffocante. On entend soudain avec stupeur des pas sur les cailloux de la cour : qui donc se promène par une chaleur pareille ? C’est la mère de René, qui annonce comme ça qu’elle est venue pour emmener le petit garçon, alors tout juste âgé de six ans. (…). En une heure René était parti. Lui aussi a compris tout de suite que sa vie allait changer. La mère l’a regardé s’éloigner, en appui sur le chai de la porte dont le battant du haut était ouvert, avec son gros ventre et ses larmes qui ne se tariront pas. (…). Et elle en parlera, de son René. Elle aurait admis – mieux en tout cas – si la mère de celui qu’elle appelle tendrement « mon p’tit gars » était venue le reprendre pour le garder avec elle. Mais qu’elle l’enlève de la maison pour l’envoyer à l’orphelinat… »

Entre hier et demain, au Bas Breil

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