Extrait

« La mémoire, c’est une chose très particulière. Je pensais à ça l’autre jour quand je cherchais des photos. Ça remue beaucoup de choses. Il y en a une dont je ne me souvenais plus et que j’ai été contente de retrouver. J’ai jeté tout un tas de photos inutiles à garder, de gens que je ne suis plus que la seule à avoir connus. J’ai vu aussi une photo de la maison (…), je m’y suis très bien retrouvée. Mais quand je pense au Général De Gaulle sur les Champs Elysées, c’est autre chose. J’ai vu les images cinquante fois à la télévision. Je sais que j’y étais. Mais je ne l’ai pas vu, j’étais au milieu de la foule. Peut-être ai-je aperçu son képi, je n’en suis même pas sûre. Mais chaque fois qu’on parle de ça, j’ai l’impression d’avoir été juste devant lui. Ce n’est pas vrai. Je sais très bien que j’étais sur le côté.

C’est tout à la fois la question de la réalité et celle de la mémoire qui n’est en fait que sa propre vérité : elle est émotionnelle, partielle, reconstruite aussi, comme pour de Gaulle. Et puis il a aussi celle qu’on peut recouvrer quand on est dans un certain état intérieur de conscience modifiée, comme ce souvenir de me blottir sur la poitrine de ma grand-mère qui m’est revenu pendant un stage (…). J’étais sûrement très petite, trois ans sans doute, et ce n’était pas de la mémoire consciente parce que jamais, jamais avant je n’y avais repensé. »

Tu feras ça plus tard…

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